Tolkien : la fabrique
d'un monde
Autori Vari
in Le Magazine Littéraire, Parigi
Mensile n. 527, gennaio 2013
In copertina J.R.R. Tolkien
Rivista
Info
Longtemps Tolkien fut considéré avec dédain : on ne le prenait
pas pour un grand écrivain, mais plutôt pour un original féru de légendes et
bien éloigné des enjeux de la littérature de son siècle. Aujourd'hui, défiant
les préjugés, une génération d'universitaires s'est attachée à montrer les
richesses de son œuvre, ses liens avec ses travaux de philologie, son incroyable
diversité linguistique et son écriture inspirée de l'épopée et du merveilleux.
À l'heure où le premier volet de l'adaptation filmée du Hobbit confère à
l'imagerie tolkienienne un surcroît de popularité, il semble essentiel de
revenir aux textes : c'est dans ces pages que se trouvent les vrais trésors et
la magie première.
Editoriale
01/01/2013 par Joseph
Macé-Scaron dans Mensuel n°527 à la page 3 (visibile su questo sito)
On oublie trop souvent que le XVIIe siècle, derrière ses
imposants ordonnancements, fut aussi le règne de la fantaisie, de la nouveauté
et du burlesque.
Dix-septiémiste
et romancier, Jean-Paul Desprat nous le rappelle dans son Dictionnaire des
curiosités (1). Quel bouillonnement ! Combien de rus souterrains parcourent ce
Grand Siècle dont certains nourriront le fleuve révolutionnaire. L'Académie
putéane, ou cabinet Dupuy, ouvre le bal. Elle rassemblait des politiques mais
aussi le futur cardinal de Retz et même le jeune Bossuet. Libertinage érudit ?
Les invités dans l'hôtel de Thou, à Paris, constituaient surtout un concert
d'esprits déniaisés. L'ouvrage se termine par l'entrée « Vocabulaire
précieux ». Le lecteur est invité, cette fois, chez Mme de Lafayette ou Mlle de
Scudéry. Saint-Simon en parle comme d'« académie de galanterie, de vertu et de
science ». Ce babil qu'un Saint-Évremond trouve « ridicule » est juste en train
de faire sauter le corset de la langue sous couvert d'une affectation délicate.
Diderot et les encyclopédistes ne désignaient Versailles que
par la méprisante expression « à quatre lieux d'ici », apprend-on chez Desprat.
Diderot, qui « poursuit avec nous une conversation qui n'a pas de fin », comme
le montre Jean-Claude Bonnet, qui vient de rééditer sa promenade buissonnière
avec l'écrivain, publiée la première fois en 1984 (2). Vingt-huit ans après,
Bonnet nous propose une lecture accompagnée de l'oeuvre, mais éclairée à la
lueur des innombrables travaux sur l'auteur de La Religieuse. Quel contraste
avec cette époque où Diderot était revisité par Jacques Derrida ou Claude
Lévi-Strauss comme un maître de l'émancipation et de la déconstruction ! On
mesure le chemin parcouru, mais dans quel sens ? Bonnet a intégré dans ses
Promenades une marche avec Jean Starobinski, qui vient de publier Diderot, un
diable de ramage chez Gallimard, un ensemble de dix-huit études sur le
philosophe. Libertin, Diderot
? Il demeure, d'abord et avant tout, pour Starobinski, « une conscience en
mouvement ».
Nous recevons
au Magazine Littéraire des centaines d'ouvrages chaque mois. Impossible de les
recenser tous. Parfois, le hasard nous conduit à en reprendre un qui a échappé
à notre sélection. C'est le cas d'un premier roman - récit ? - de Fabien
Béhar qui vient de paraître à La Musardine (3). À première vue, ni la
couverture - une sorte de tableau à la craie - ni le titre, Fuck Buddies, ne
retiennent notre attention. Le
texte est publié à La Musardine, une maison d'édition érotique qui est aussi
une librairie de Paris où l'on trouve de tout, y compris des oeuvres de
Jean-Jacques Pauvert et d'Éric Jourdan. Fuck Buddies, désignant les amants de
passage, nous raconte le libertinage vagabond de l'auteur, comédien et
dramaturge, du début des années 1980 à la fin des années 2000. Ce n'est pas un
document sociologique, tout est soumis ici au hasard, au subjectif. Ce n'est
pas un livre érotique, au sens strict du terme, puisqu'il n'y règne aucun désir
de titiller le lecteur. Pas de signes de prouesse non plus, puisque Fabien
Béhar ne masque pas ses ratages, ses doutes, ses faiblesses.
En fait, ce
texte fait très exactement penser à Tricks de Renaud Camus. Dans la forme aussi
: il s'agit de courts portraits, des rencontres et des étreintes fugitives.
C'est le recueil des désirs inaboutis, la description du passage et de
l'anonymat à travers des situations et des êtres qui nous marqueront davantage
que bien d'autres rencontres. Et l'on retrouve dans ce Fuck Buddies ce que
Roland Barthes relevait dans Tricks : « Cette éthique est celle de la
Bienveillance, qui est sûrement la vertu la plus contraire à la chasse
amoureuse, et donc la plus rare. »
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qui.
LE DOSSIER
Tolkien, l'oeuvre-monde
Alexis Brocas
/ Vincent Ferré
Vie d'un scribe
Le goût des cercles amicaux
Un sac d'anneaux
Soubassements méconnus d'un continent
Tectonique du Tolkien théoricien
La légende à travers siècles
Un lecteur éclectique
Par enchantement
Le triomphe de Sisyphe
Le seigneur des cycles
Catholique, mais syncrétique
Alliage et spirales de l'Anneau
Des racines vertes
De tous les diables
Une oeuvre ou un monde ?
Interprète français-hobbit
Un archaïsme novateur
Indistinctement savant et rêveur
Agonie et regain du merveilleux
« Ne vous moquez pas ! » Le rêve d'une mythologie anglaise
Un Seigneur rapidement adoubé
Guerres de l'œil
Un hobbit attendu
Bibliographie